LE BUSONGYE

Selon des sources concordantes, Les Basonge , comme le grand nombre des Bantous proviennent de l’Egypte.Cette hypothèse a été soutenue par les différentes publications du Dr Kabamba Nkamany, un grand spécialiste du Busonge, particulièrement à travers son livre intitulé «Busongye, Minorité Pharaonique ? Ed Nkamanyland, Kinshasa, 1996, préfacé par le Prof Ndaywel è Nziem. Bien avant cette publication, Tshitenji, ancien interprète de Mobutu et Songe d’origine, avait publié un livre aujourd’hui introuvable sur les « LUBA-SONGE ». Dans ce livre abondamment commenté à la télévision durant les années ‘70, l’auteur, se basant sur des fouilles archéologiques, avait démontré la ressemblance frappante des tissus et des objets trouvés dans des anciennes tombes des chefs coutumiers Songe avec ceux découverts dans certaines tombes en Egypte.

En ce qui concerne le parcours suivi par les Basonge, Le Bureau d'Etudes Politiques Muteba, B.E.PO,M en sigle, donne la version suivante:
« L’histoire de peuple Musongye remonte à plus de 4000 ans, son début date de l’époque de l’apogée de la Civilisation Égyptienne, autour des rives de la Mer Méditerranée et de la Mer Rouge. L’invasion de l'Egypte par des peuples du Proche-Orient a été la cause principale de l’émigration massive des descendants des bâtisseurs de célèbres pyramides en direction du Sud du Continent. Le refus d’être colonisé par de nouveaux maîtres d’Egypte a contraint les descendants des Pharaons à émigrer en suivant soit le fleuve Nil soit la Mer Rouge.

Le peuple Musongye emprunta la Mer Rouge et accosta au niveau de l’Ile de Zazimbar, traversa l’actuelle Tanzanie et le Lac Tanganika et vint s’installer à « Kantu à Muasa » (dans l’actuel Territoire de Kabambare ) avant de se fixer définitivement dans l’actuel territoire de Kasongo sous la direction grands chefs de guerre dont le plus connu est LUSUNA (RUSUNA d’après les écrits des auteurs arabes).

Au début du 16é siècle, un des princes Songye, nommé NKONGOLO MWAMBA, grand chasseur et guerrier hors pair vint s’installer non loin du Lac Boya, imposa son autorité aux autochtones de part et d’autres du fleuve Lualaba et fonda l’empire LUBA, il est le premier MULOPWE.

Vers 1585, son neveu ILUNGA MBIDI alias Kalala Ilunga, général des armées royales, réorganisa l’empire et élargit ses frontières au-delà du Lomami et du Kasaï. Le général Kalala Ilunga est le fondateur du deuxième empire Luba.

Au 17ème siècle, un des descendants de Mulopwe ku Musengye fonde un royaume appelé Royaume de Yakitengye à EHATA (EPATA), ayant la capitale à Ebwe, près du village actuel d’Eoni dans le Territoire de Lubao. Le premier Yakitengye connu est Kilunga Kya Nkupi alias Elemba, père de Mbu Elemba (mère de Mpibwe Kitengye, ancêtre de Bekalebwe), de Ndjibu Elemba (mère de Bena Kiofwe) et de Mulo Elemba (mère de Kalanda, ancêtre de Ben’Eki), de Kakulu, ancêtre de Balaa, de Kitoto (mère de Kalume Kitoto, ancêtre des Belande.) »

Selon le site Busongye du Dr Kabamba Nkamany, Nkongolo Mwamba fit partie des BAKALANGA qui, dans leur émigration de l’Egypte vers le Sud, s’était établi au site de Zimbambo avant de remonter vers le Nord en suivant la Kafue, puis à la frontière du futur Katanga, la Lufila jusqu’au Lac Zimbambo dans le groupe des lacs du Bupemba.

Faisons remarquer que selon le site des Luba du Katanga « Kyoto Kya Bana Ba Mbidi », Nkongolo Mwamba, fondateur de l’empire Luba se surnommait « KIMUNGU KYA BAKALANGA », l’hyène des Bakalanga. En effet, « Kimungu » désigne l’hyène en Kisonge jusqu’à nos jours. Par ailleurs, chaque notable Basonge appelé TSHITE se surnomme jusqu’à nos jours « Tshite KIMUNGU », ou Tshite, l’hyène, comme son ancêtre Nkongolo Mwamba.

S’agissant du terme BAKALANGA, il importe de mentionner qu’il est encore très courant dans le vocabulaire Songye. C’est le pluriel de MUKALANGA qui signifie un homme intègre, scrupuleux, et surtout courageux, bref, un brave homme.
Comme l’a mentionné le livre du Dr Kabamba, les Bakalanga avaient emprunté plusieurs directions. Au Zimbabwe, il existe un peuple appelé les KALANGA dont la langue est très proche du Kisonge et du Luba. Les recherches poussées sur l’origine des Kalanga du Zimbabwe pourraient nous révéler beaucoup de choses.

EVOLOUTION DE L’IDENTIFICATION DU PEUPLE SONGYE
Sur base des documents sus mentionnés ,on peut avancer que l’identification du peuple Songe a évolué à travers son l’histoire :Chronologiquement ils se sont fait appeler : des : BAKALANGA; des BENA KANTU A MUASA (appellation prisée jusqu’à présent par les vieilles personnes Basonge) ; des BAYEMBI (une appellation utilisée jusqu’à nos jours par tous les peuples issus de l’empire Luba, à savoir les Luba du Katanga et les Luba du Kasaï). Bayembi signifiant ceux qui portent une arme blanche tranchante; enfin des BASONGYE, nom spécifique d’une tribu Songye ( Basonge) située sur la rive droite de la rivière Lomami à laquelle on a appliqué à toutes les autres tribus.

Voici la liste des principales tribus des Basongye telles qu’énumérées par Dr Kabamba Nkamany.
Les principales tribus [sous-tribus, clans, et familles confondus] de l’ethnie Songye sont: les Basonge de la rive droite de la Rivière Lomami (Lubao, Bena Malela, Bahina, Samba, Kisengwa, Kasongo I et II, Kabalo, Kubu, Wangongwe, Buku Kiloloshi, Bena Baye et Kongolo, Bena Nsala, Bena Malungu; etc.). Alors que les Bekalebwe, Ben’Eki(desquels sont issus les Bena Nsapu), Belande(Musolo et Kibeji),Bakooji Betundu, Bena Moona, Batempa, Bashilangye, Balaa, Basanga,Bena Ngandu,Bena Male, Bakankala, Bena Milembwe, Bambo, Bakwa-Nkoto, Bena Paye, Bena Majiba, Bena Budia, Bena Kiofwe, Sangwa, Bena Mpania Mutombo…peuplent la rive gauche de la Rivière Lomami et ses affluents.

Héritage Africain
LES BASONGE DURANT LA COLONISATION
Durant la colonisation, affirme le Bureau d’Etudes Politiques Muteba," tout le peuple Songye dans sa totalité se retrouve dans le District du Lualaba par le décret du 1er Aoùt 1888 de l’Etat Indépendant du Congo divisant le pays en onze Districts. L’arrêté Royal du 28 Mars 1912 divise le Congo Belge en 22 Districts dont celui du LOMAMI, lequel comprendra, à sa création, les Territoires de Kabinda, Pania Mutombo,Tshofa,Kisengwa,Kanda-Kanda (actuel Territoire de Mwena Ditu et Ngandajika), Mutombo Mukulu (actuel Territoire de Kanyama), et Mato (actuel Territoire de Kamina). L’ensemble du District du Lomami se trouve dans la Province du Katanga, elle-même créée depuis le 07 Mars 1910.Le poste de Kabinda créé en 1892 fut choisi pour être le chef lieu du District du Lomami.Les belges implantèrent à Kabinda, vers 1917, quatre services importants ; la Banque belge d’Afrique (B.B.A), INTERFINA, COTONCO et CLASSE MOYENNE pour le recrutement des travailleurs destinés aux travaux des chemins de fer BCK (KDL) et CFL, et pour l’exploitation des minérais de l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK).Par ailleurs, les finalistes de l’Ecole Professionnelle Artisanale des Frères de la Charité à Kabinda étaient d’office engagés à l’Union Minière, qu’ils rejoignaient aussitôt leurs certificats en poche.
La réforme administrative de 1933 créant 6 provinces au Congo a provoqué l’éclatement du District du Lomami dont une partie des territoires a été annexée au District du Sankuru dans la nouvelle Province de Lusambo, et une autre partie transférée dans le District du Lualaba, province du Katanga.En 1945 le District de Kabinda est crée."

LES BASONGE APRES L’INDEPENDANCE:
L’EPOPEE DE LA PROVINCE DU LOMAMI

La province du Lomami créée.par l’ordonnance loi du 14 Août 1962 regroupe de nouveau tous les territoires et Secteurs Songye y compris ceux du Maniema, Kongolo, Lubefu, élargis au Territoire de Dimbelenge..

Cette entité est formée au moment où les Bena Nsapu, une partie des Ben’Eki, partis sous la conduite du chef Muana Mbô en 1888 à Luluabourg (Kananga), viennent de rentrer à Kabinda sous la conduite du chef Louis Tshibambe, après une décennie d’exil. Suivis par les réfugiés Basonge chassés en 1960 du Katanga,et qui furent protégés durant leur cantonnement au camp des réfugiés à Elisabethville par certains gros-bras conduits par Nkunka Louis .

Cette époque peut être considérée comme marquant le plus grand regroupement des Basonge depuis l’empire Luba. L’élite Songe venue de tous les coins du Congo s’est retrouvée pendant quelques années à Kabinda sous la conduite des leaders Basonge des années ’60 : Aloïs Kabangi ( Député National et fondateur du MUB <Mouvemenet de l’Unité des Basonge> le tout premier Ministre du Plan et Coordination économique du gouvernement Congolais (de Lumumba à Tshombé ); Dominique Manono, Président de la Province du Lomami ; Théophile Lumanisha, Vice-Président, chargé de l’agriculture ; Kasende Michel; Sébastien Ngoy Kalenga (Commissaire de Distrcict de Kabinda après le départ des belges et père de l'avocat Me Kalenga ka Ngoy); André Ditende, Liévin Kasongo,….. font partie des Députés Nationaux.

Du côté du Maniema il y a Salumu, ministre des fincances ; Amisi, ministre ; Masudi, député ; Fundi Bonaventure, Secrétaire à l’Assembleé Provinciale, sans oublier de nombreux fonctionnaires et agents de la fonction publique. Munganga,venu du territoire de Kongolo au Katanga est ministre de la santé ; Muteba de Lusambo est Vice-président de l’Assemblée, Ilunga Emile, ministre…. . Même l’ancien ministre de Tshombe, Gabriel Kitenge est revenu à Kabinda avec ses camions de transport (Kite-Trans)et un orchestre(Kite-Jazz) qui animait chaque soir au Bar de Ntambwe Benatar, avant de briguer le poste de gouverneur de province, perdu au dépend de Dominique Manono.

Bien avant lui, la province du Lomami avait bénéficié de l’apport de nombreux commerçants revenus de Luluabourg (Kananga), du Maniema et de Lubumbashi. Matunga Léon, resté à Lubumbashi ,avait envoyé une vingtaine de camions de transport.
Sur place Kitenge Emile (le père de Kitenge Yezu) hérite du prestigieux Hôtel du Lac Royal, où logeaient des blancs à l’époque coloniale, tandis Mutamba Petrous s'affirme dans le commerce général.

Le territoire de Dimbelenge qui a refusé d’adhérer à Luluabourg (Kananga) en 1960, sera valablement représenté par les leaders de Bakwa Luntu, Bakwa Mputu, et Bena Koji dans la nouvelle province du Lomami à Kabinda.Il s’agit notamment de : Tshimanga (Secrétaire Parlementaire) aux côtés de Ngoy Marcel (un musonge) ; Dipumba (Président de l’Assemblée), et Kadiebwe Samuel (Secrétaire général de l’Assemblée Provinciale, avec comme adjoint Ngoie Lumano Placide(un musonge).

D'autres cadres tels que Ngoy Tshilombo, Basanga Pontien, Ngoy Mpanda, Ngoy Laurent,Muembo Puis, Milambo Katambwe Kiyoyo,Ejiba Olivier,Kuminga,( le père de François Mupikule),Maole Laurent (fils du Chef Lumpungu Kamanda), Maole Vincent,Mulolo,Nkongolo(père du Colonel Kongolo), Yamulenge (père du Dr Salumu et de l'ingénieur Tshomba), Kangombe(Régideso),Kabondo Antoine (le père de Tshikudi M.T), Kanyama (père du chimiste Kanyama et du Dr Mukonkole, tous décédés); le journaliste Muana Mbô Kankieza(venu de Léopoldville comme conseiller du gouverneur Kikangala Jean-Marie),.....avaient pris une part active au sein de la province du Lomami, avant que certains ne repartent ailleurs. Les actuels ministres Tambwe Mwamba et Lumanu Bwana Sefu ont vécu cette épopée durant leurs études universitaires. Quant à ceux qui sont restés ailleurs, à l'instar du Dr Makombo; le père du professeur Malu wa Kalenga; le père de Nsapu Kalimasi,.... on les remarquait souvent durant les deuils en train d'exhiber la danse songe. Ceux qui sont nés ailleurs (comme le professeur Mudimbe et les Ngolo Mingi....) s'expriment quand- même en Kisonge , afin de préserver leur identité .

Même la Police a vu les officiers formés ailleurs revenir à Kabinda pour servir leur province d’origine, il s’agit notamment de : Mbuyu Gaspard (Inspecteur), père de Djamba Diagas, Luhaka (Inspecteur); Malangu (commissaire) ; Kasongo (Commissaire) ; Jean Onokoko( commissaire) ; Muteba (Commissaire) ; Mulenda (Commissaire); Kabambula (commissaire) ; Rolin , le métis (Commissaire) ; Nyembo, venu du Maniema (commissaire) ; Kaboto (commissaire) ;Mutuale (commissaire et grand artibre de football),….
L’hôtel de ville est dirigé par Kasongo Nkongolo, revenu de Luluabourg, un très bon arbitre de football.

Sur le plan sportif, plusieurs équipes de football animent la vie sportive à Kabinda , il s’agit de : F.C. YAKAUMBU, de Kakesse Damas, Mupikule François, Tshibambe (Bouton), Mukusa (gentil), Ndjibu (Chouchou), Mudimbi (Tout puissant), Malandala Alexis (Mexicain), Kalanda (double- poumon); Nsapu Nsensele (Daring) et François Lukunku qui effectuaient de navettes entre Léopoldville et Kabinda jouaient de temps en temps dans la grande équipe de Yakaumbu, sponsorisées par Pande Moya Kasongo et Mushengezi Laurent depuis Kinshasa ; F.C. LUMUMBISTE, de Nkishi (Cuisse), Lumbwe (Nkrouman), Kapuku et Malala Léopold; F.C. VATICANO, (formés principalement des Bena Nsapu revenus de Luluabourg), du coriace Mukonkole (Imbécile), grand frère de Nsapu Bonaparte, Tshamala (Moscou) et Lonji Médard (De Lodja); F.C. DIABLES-ROUGES (équipe des Militaires et du quartier Bunduki), de Lumpungu (Air Congo), Katontoka, et excellent, un militaire. .
Les ressortissants du Maniema ont formé une équipe dénommée : COCASSE, dirigée par le jeune frère de Fundi Bonaventure ;F.C.ATHENNEE, de Kabongo (Poteau), Mulungu (Bondis) actuellement Professeur à Kisangani, Tshibangu Jean-Marie (John Mary), et du gardien volant Mutuale (Bwatom) rentré à Lubumbashi.

Une anecdote : après les troubles survenus à la suite de l’accident de circulation ayant provoqué le décès d’un enfant d’un militaire du camp de la Force Publique, le ministre Jérôme Ananis est descendu à Kabinda pour calmer la situation. A la fin du match de football organisé en son honneur, les jeunes seront surpris de voir le ministre venu de Kinshasa s’entretenir avec un joueur en maillot, François Lukunku (dit Franco). Ce dernier était un leader du (MNC/Lumumba) résident à Léopoldville et se rendant de temps en temps chez-lui à Kabinda où il en profitait pour jouer au sein de la plus grande équipe locale, Yakaumbu.

Sur le plan scolaire, la province du Lomami, sous l'oeil vigilant de Mgr Kanyama Matthieu, a bénéficié des structures très fiables des l’enseignement catholique à l’époque. L’INSTITUT ST PAUL du Père Urbain dit Kangulu ; L’INSTITUT ST. AMBROISE des Frères de la Charité (des frères Rombeau, Pamphile, "Caisse", Kalonda..), anciennement réservé aux métis du Kasaï et du Katanga, et qui a récupéré le corps enseignant et les élèves des Frères de la Charité ayant fui la rébellion à Lusambo ; l’ATHENEE REPUBLICAINE dirigée à sa création par Paul Berger, puis par l’haïtien Magloire , enfin par Tshibambe Tshinkalo; L’INSTITUT STE AGNES des filles ; et le PETIT SEMINAIRE, ont contribué à la formation de nombreux cadres (médecins, juristes, officiers, économistes, journalistes… ) qui servent le pays aujourd’hui, d’autres ayant immigré comme la plupart des cadres congolais.
Ces instituts recevaient des élèves des écoles primaires: St-Ambroise (Tatu Kabunda..); Ecole centrale de Kamukungu (du Directeur Kazadi (père du Dr Paulin Kalenga à Liège); Ngoy Marcel et des deux Tatu Tambwe),sous la supervision du Père BISASA BIA BANJELO, d'origine Hollandaise.

La plus grande période de la province du Lomami a été dominée par le parti politique MUB, dirigé par Aloïs Kabangi, jusqu’à ce que l’UPB (Union Progressiste de Basonge), de Jean-Pierre Mukonkole(alors Secrétaire général du CONACO de Moïse Tshombe) ne prenne la relève. C’est son candidat, le belgicain Jean-Marie Kikangala qui a remplacé Dominique Manono (du MUB), au poste de gouverneur de la province, avant que le Lomami, le Sud Kasaï et le Sankuru ne forment le Kasaï- Oriental ou Kasaï ka kutunduka nguba en 1966, avec comme gouverneur Jonas Mukamba , et Jean-Marie Kikangala, au poste de vice-gouverneur. Ce dernier sera plus tard ministre des PTT à Kinshasa, avant d’être nommé Ambassadeur au Gabon.Il n'est plus de ce monde
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Source:
http://www.mbokamosika.com/article-le-busongye-70372990.html